estelle zhong mengual
Nous héritons culturellement d’un style d’attention très particulier au vivant. Dans les œuvres de notre tradition artistique (picturale ou littéraire), le vivant, s’il est bien présent, est majoritairement présent pour autre chose que lui-même. Il est là comme support de projection émotionnelle ou comme symbole. Nous prêtons attention au vivant d’abord pour ce qu’il nous renvoie de nos états intérieurs, de notre histoire personnelle et collective. Cela conduit à la négation du monde vivant comme alter1, autonome, et surtout signifiant en lui-même ; cela nous incite à le considérer comme un réservoir de ressources matérielles et spirituelles à disposition. S’ouvre là un terrain d’exploration inouï pour les artistes : saisir, interpréter, donner forme, rendre sensible les sens autochtones d’autres vivants que nous, pour réinventer notre monde commun.