« Publics empêchés », « publics spécifiques », « publics précaires », « publics en difficulté », les euphémismes sont nombreux pour qualifier les publics éloignés d’un accès à la culture que ce soit pour des raisons physiques, psychologiques ou sociologiques. Derrière ces appellations existent des dispositifs en faveur de la démocratisation culturelle et de l’élargissement des publics qui requièrent des mesures spécifiques, des adaptations in situ, des collaborations complexes pour être opérants.
Dire qu’il n’y a pas de public spécifique, c’est d’abord soutenir qu’il n’y a pas un type d’œuvre d’art ou un type d’artiste prédisposé à s’adresser à des publics particuliers, quand bien même ceux qui interviennent à l’hôpital, dans une maison d’arrêt, peuvent éventuellement être amenés à concevoir des propositions en fonction du contexte ou des personnes rencontrées. C’est donc refuser tout rapport d’assignation entre œuvres et publics. C’est aussi défendre, préserver, faciliter la possibilité pour chacun de construire une relation autonome, souveraine, à l’œuvre d’art, quelles que soient les spécificités de sa condition. S’il n’y a pas de public spécifique, il y a, cependant, la nécessité d’actions culturelles spécifiques.
C’est à ces actions culturelles menées hors des espaces culturels convenus qu’a souhaité s’intéresser ce dossier de L’Observatoire et prolonger, grâce à ce nouvel angle de vue, une réflexion constamment présente dans ses travaux autour des questions liant culture et lien social, culture et cohésion sociale, culture et lutte contre l’illettrisme. Il nous a, en effet, paru important à la fois d’apporter un éclairage sur le contexte et les grands axes autour desquels les dispositifs et programme interministériels se sont structurés (culture et hôpital, culture et handicap, culture et politique de la ville, culture et prison), mais aussi de donner la parole aux acteurs culturels qui œuvrent sur ce terrain et soulever, avec eux, un certain nombre de questions que nous reprenons, de manière synthétique, en ouverture de ce dossier.
Revenir à l'accueil revue