Depuis plus de 10 ans, les droits culturels agitent le débat sur les évolutions de notre modèle d’intervention culturelle. Inscrits dans la loi française à partir de 2015, les collectivités publiques sont tenues de prendre en considération les droits culturels des personnes dans leurs politiques.
Rendre opérant le concept des droits culturels demande cependant un important travail d’appropriation et de traduction en principes d’action, de la part des professionnel·les du secteur culturel et de leurs partenaires. Comment passer d’une politique de l’offre culturelle à la reconnaissance des multiples références culturelles de chacune et chacun d’entre nous ? Comment traduire, sur le terrain et dans nos pratiques, les droits culturels ? De quelle manière aborder les récits du territoire au-delà de la politique de marque et d’attractivité territoriale ?
La Métropole du Grand Nancy et l’OPC coproduisent depuis 2022 une expérimentation qui vise à installer de nouvelles formes de coopérations entre les acteurs culturels et celles et ceux qui vivent, habitent, travaillent sur le territoire métropolitain au quotidien, dans leur diversité. Il s’agit, à l’heure des grandes mutations – démocratiques, écologiques, technologiques, etc. – de concevoir et d’éprouver l’action publique culturelle sous l’angle du référentiel des droits culturels.
Le processus est pensé sous la forme d’une « boucle procédurale », impliquant des interactions multiples entre les parties prenantes, à l’horizon 2025. Il associe différents services de la métropole pour une approche transversale des enjeux du territoire.
L’OPC propose une méthodologie d’animation de « communautés de récit ».
La démarche consiste à raconter autrement le territoire à partir de voix multiples qui le composent. Ce recueil de récits englobe des références culturelles plurielles et favorise une analyse partagée des enjeux de ce bassin de vie.
Plusieurs groupes identifiés par les services Solidarités, Démocratie participative et Transition écologique de la Métropole, prennent ainsi part à l’expérimentation récoltant la parole de leurs membres, usagers ou de leurs voisins (les aidants d’un tiers-lieu numérique, un collectif pour l’écologie et la justice sociale, des étudiants en infocom, une association de partage de logement intergénérationnel, …). Une boîte à outils proposée par l’OPC facilite le recueil des récits et leur traduction sous des formes sensibles (revue, cartes postales, podcast, collecte d’objets), dans la perspective de leur présentation en une exposition de restitution.
Un travail d’observation et d’analyse collectif de ces histoires permet ensuite d’identifier des enjeux spécifiques au territoire. Puis, les acteurs culturels s’en saisissent pour les concrétiser sous forme de projets culturels et artistiques. Comment par la culture, traiter de la question du logement ou de l’isolement ? Comment favoriser l’accès au droit ? Comment cultiver l’expression comme l’écoute de tous·tes ?
En parallèle, l’Observatoire anime auprès des acteurs culturels des temps d’échange et de formation sur les droits culturels, accompagne les projets, mobilise autour du processus… Enfin, l’évaluation permanente du dispositif nourrit la mise en place de cadres de politiques publiques ajustés pour ancrer et rendre opérant les droits culturels au-delà du temps de l’expérimentation.