Focus à partir d’un échantillon de communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes
Outil annuel de mesure de l’action publique territoriale de la culture, le baromètre examine les évolutions des dépenses culturelles des collectivités, leurs priorités et choix dans ce domaine. Il s’appuie sur une enquête réalisée auprès d’un échantillon de collectivités territoriales par l’Observatoire des politiques culturelles avec le soutien du ministère de la Culture – DEPS et en partenariat avec Régions de France, Départements de France, France urbaine, Intercommunalités de France, Villes de France, FNADAC, FNCC, Culture·Co, Culture & départements.
Qu’en est-il des tendances pour les villes petites et moyennes en 2023 ? Les politiques culturelles y apparaissent-elles plus fragilisées que dans les plus grandes polarités urbaines ? Un des volets du baromètre apporte des éléments de réponse. Il cible des communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants qui remplissent une certaine fonction de centralité sur leur territoire. Les résultats présentés reposent sur les données déclarées de ces communes L’enquête a été menée par questionnaire (via emailing et campagne téléphonique auprès des directeurs et directrices des affaires culturelles prioritairement) d’avril à juin 2023. Avec 19 questionnaires collectés sur 32 communes ciblées, le taux de réponse avoisine les 60 %. L’échantillon comprend des communes dont la population varie entre 3 587 et 43 363 habitants. La moyenne démographique s’établit à 19 693 habitants, et la médiane à 15 968 habitants. en matière d’évolution des budgets primitifs et de positionnement culturel. Ils restituent également des éléments de conjoncture. Ce volet régionalisé permet de disposer d’informations sur une catégorie de villes que l’enquête nationale ne couvre pas L’échantillon national est constitué de : 9 régions métropolitaines ; 66 départements ; 64 communes de plus de 50 000 habitants, dont 20 communes de plus de 100 000 habitants et 44 communes de 50 000 à 100 000 habitants ; 37 intercommunalités comprenant une ville de plus de 50 000 habitants ; 2 collectivités à statut particulier situées en Outre-mer et une collectivité d’Outre-mer. Les communes de plus de 50 000 habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes sont concernées par le volet national du baromètre..
Évolutions des budgets primitifs, des emplois culturels et des subventions des communes préfectures et sous-préfectures d’AURA de moins de 50 000 habitants
Ce qu’il faut retenir : au regard des évolutions déclarées entre 2022 et 2023, les tendances budgétaires des communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants sont un peu moins optimistes que celles de l’échantillon national du baromètre. La part des budgets culturels votés à la baisse est plus importante pour les villes petites et moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes que pour les communes de plus de 50 000 habitants de l’échantillon national. Les politiques culturelles y apparaissent ainsi plus fragilisées budgétairement que dans les communes démographiquement plus importantes.
Les budgets primitifs culturels de fonctionnement (hors masse salariale) évoluent plus souvent à la baisse entre 2022 et 2023 pour les villes petites et moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes que pour les collectivités de l’échantillon national. La stabilité (ou évolution inférieure à 1 %) est certes la modalité la plus citée, pour 44 % des répondants, mais près de 40 % indiquent une baisse budgétaire. Seuls 17 % des répondants auralpins indiquent une augmentation ; notons toutefois que, dans ces cas, il s’agit d’une augmentation significative de 5 à 10 % du budget de fonctionnement.
Concernant l’évolution des budgets de fonctionnement (hors masse salariale) par domaines : si la tendance générale est à la stabilité, les baisses touchent plus souvent les festivals/événements, les musées et le patrimoine, l’action culturelle/éducation artistique ainsi que le livre et la lecture (pour ce dernier domaine, mais aussi pour la création plastique et visuelle, aucune commune auralpine n’a déclaré de hausse entre 2022 et 2023).
La tendance à la baisse se retrouve également pour les budgets culturels d’investissement : 42 % des répondants déclarent une baisse entre 2022 et 2023, 35 % une stabilité, et moins d’un quart une augmentation.
Le nombre d’emplois culturels est stable pour plus de 70 % des communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants. Il est en hausse pour 17 % d’entre elles et une seule commune déclare une diminution.
Concernant les subventions versées aux associations culturelles entre 2022 et 2023, aucune hausse n’est déclarée (contrairement aux communes de plus de 50 000 habitants de notre échantillon national). La stabilité domine très largement (84 %) ; 16 % indiquent une baisse.
Positionnement des communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants en matière culturelle
Ce qu’il faut retenir : l’action publique des communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants est dominée par les registres d’offre et d’accès. Les déclarations des directeurs et directrices des affaires culturelles (DAC) font état d’une importance politique accordée à l’action publique culturelle. On note une certaine ambivalence dans les résultats entre l’affirmation de cette importance politique et les tendances budgétaires plus mitigées présentées précédemment. Le maintien de ce niveau d’effort budgétaire pour la culture constituerait ainsi en soi le résultat d’un volontarisme politique affirmé dans ces petites et moyennes villes.
— Orientations de politique culturelle —
Comment les directeurs et directrices des affaires culturelles des villes petites et moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes perçoivent-ils la place donnée à la politique culturelle ? Il n’y a pas eu de dépriorisation sur les deux dernières années selon eux : pour près de 60 % des DAC, la politique culturelle est autant une priorité qu’avant pour leur commune. 37 % estiment que celle-ci l’est même davantage qu’auparavant. Aucune commune n’évoque un retrait dans ce domaine.
Le baromètre a permis d’interroger les collectivités sur les objectifs politiques qui orientent en priorité les choix culturels de leur exécutif. Leurs réponses – demandées sous forme de trois mots-clés – sont représentées sur le nuage de mots. L’occurrence la plus fréquente pour les villes petites et moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes est celle de l’accessibilité. Le traitement politique de la « diversité » – jugé important dans les plus grandes communes – est plutôt formulé en termes d’« éclectisme » dans notre échantillon de villes petites et moyennes. De même, le terme d’« animation » (culturelle, territoriale) y est mobilisé en tant qu’objectif prioritaire de politiques culturelles municipales, contrairement aux autres catégories de collectivités de notre échantillon national.
Pour faciliter la lecture et atténuer les effets liés à la pluralité des termes utilisés pour qualifier un même type de positionnement culturel, une thématisation en 14 registres d’action a été élaborée à partir des objectifs politiques qui orientent en priorité les choix des exécutifs des collectivités répondantes Cette typologie a été élaborée à partir des données du volet national du baromètre.. Chaque thème inclut une série de mots-clés, dont voici les principaux exemples :
- Accès : accessibilité/accès (pour tous), culture pour tous, démocratisation, médiation, publics…
- Création artistique : création, soutien aux artistes, présence artistique…
- Démocratie culturelle : diversité, participation, droits culturels…
- Domaines culturels : patrimoine, lecture publique, arts plastiques, numérique, industries culturelles…
- Éducation/jeunesse : jeunesse, éducation, EAC, jeune public…
- Gouvernance/coopération : partenariats, coopération, mutualisation, réseaux, concertation…
- Impact social : lien social, inclusion, vivre ensemble, solidarité, cohésion, émancipation…
- Ingénierie : accompagnement, structuration, ingénierie…
- Logiques économiques : budget, modèle économique, économies budgétaires…
- Logiques territoriales : territoire, attractivité, rayonnement, équité, proximité, ancrage territorial, maillage, identité, ruralité, aménagement…
- Offre : diffusion, équipements, événementiel, qualité, exigence, lisibilité…
- Principes d’action publique : continuité, efficacité, innovation, pluridisciplinarité…
- Transitions : transition, environnement…
- Divers : cette catégorie correspond à plusieurs terminologies générales qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes (vitalité, proposition, valorisation, réappropriation…).
Pour les communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants, les logiques d’offre et d’accès structurent en priorité l’action politique en matière de culture, devant les registres liés à l’impact social et aux logiques territoriales. Le registre des transitions n’est mobilisé par aucune de ces communes. Par rapport aux plus grandes villes du volet national, les problématiques d’éducation/jeunesse et de création artistique sont nettement moins investies.
La manière dont les collectivités conditionnent (ou non) certaines de leurs aides financières apporte des informations complémentaires sur la conduite de l’action publique et sa (re)politisation. Une minorité de communes indique une absence de critères de conditionnalité. La même proportion de DAC n’est pas en mesure de répondre à la question – signe d’une certaine ambiguïté dans la traduction administrative de ces critères et valeurs politiques auxquels on conditionne le soutien aux acteurs. Enfin, pour les DAC qui déclarent la prise en compte de critères, la diversité culturelle est le plus souvent citée (par un tiers d’entre eux). De ce point de vue, le critère d’égalité femmes/hommes, dominant dans les plus grandes villes, apparaît ici beaucoup plus en retrait.
— Dynamique intercommunale et coopération publique —
58 % des DAC considèrent que la dynamique intercommunale en matière culturelle s’est maintenue à un même niveau d’intensité sur leur territoire durant les deux dernières années. 32 % jugent qu’elle s’est renforcée.Et seulement 5 % qu’elle s’est affaiblie. Néanmoins, aucune commune de notre échantillon indique avoir procédé à des transferts culturels en 2022 et/ou 2023.
Lorsque l’on demande aux DAC comment ils perçoivent, pour leur commune, la coopération multiniveaux en matière de politique culturelle :
- près d’un quart estime qu’elle s’est accrue, que ce soit avec l’État ou avec les autres niveaux de collectivités territoriales ;
- 71 % des DAC considèrent que la coopération n’a pas évolué avec l’État et 59 % qu’elle n’a pas évolué avec les autres niveaux de collectivités ;
- aucun affaissement de la coopération avec l’État n’est évoqué ; en revanche, 18 % des DAC estiment que la coopération est en retrait avec les autres niveaux de collectivités territoriales.
La majorité des communes indique ne pas être en recherche d’une plus grande autonomie dans la conduite de leur politique culturelle par rapport à celle de l’État (59 %) et à celle des autres niveaux de collectivités territoriales (61 %).
Questions conjoncturelles, crises énergétique et inflationniste
Ce qu’il faut retenir : l’impact de la crise énergétique semble avoir davantage été ressenti au niveau des communes préfectures et sous-préfectures d’Auvergne-Rhône-Alpes de moins de 50 000 habitants qu’au niveau des communes de plus de 50 000 habitants de l’échantillon national du baromètre.
Les trois quarts des DAC des villes petites et moyennes interrogés déclarent que la crise énergétique a impacté le montant des subventions culturelles versées par leur collectivité. 47 % considèrent que l’impact a été faible et 27 % qu’il a été fort. Seuls 20 % d’entre eux estiment qu’il n’y a pas eu d’impact. En comparaison, cette proportion s’élève à 33 % pour les communes de 50 000 à 100 000 habitants de l’échantillon national et à 47 % pour les villes de plus de 100 000 habitants. Là encore, la taille des villes semble jouer sur leur vulnérabilité face à la crise énergétique et conséquemment sur leur capacité à maintenir un même niveau de subventionnement des acteurs culturels. Une situation que l’on retrouve concernant l’offre culturelle proposée par les communes.
67 % des communes auralpines déclarent que la crise énergétique n’a pas entraîné une diminution de leur offre culturelle. 28 % estiment l’inverse, une proportion presque trois fois supérieure à celle des communes de l’échantillon national du baromètre (communes > 50 000 habitants).
En outre, l’impact le plus significatif de la crise énergétique sur les équipements culturels des villes petites et moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes concerne la modification des usages (à hauteur de 44 %). Ce résultat est dans la lignée de ce qu’ont déclaré les collectivités de l’échantillon national du baromètre.
En revanche, l’échantillon des communes auralpines se distingue, positivement, en ce qui concerne la perception de l’effort budgétaire demandé en 2023 à la culture en période de crise inflationniste : 11 % des DAC le jugent moins important que l’effort demandé aux autres services à la population et 89 % jugent cet effort identique à celui demandé aux autres services à la population. On peut au minimum en déduire que, si le contexte inflationniste a particulièrement été ressenti par cette catégorie de ville, le domaine culturel n’a pas été plus impacté que d’autres, voire moins pour une partie de notre échantillon.