Photo : © Élise Colin-Madan

En 2021, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, s’est exprimée clairement auprès des acteurs culturels : « Ce que nous allons vous proposer dans les prochains mois, c’est une invitation pour une aventure de coconstruction inédite à l’échelle d’une ville comme Strasbourg. Discours d’ouverture de la rentrée culturelle, 3 septembre 2021, au palais des Fêtes. Toutes les citations de Jeanne Barseghian sont extraites de ce même discours. »

La notion de « coconstruction » contient implicitement celle de participation à la prise de décision. Elle est donc à prioriplus forte que la logique de « concertation », dans la mesure où elle suppose que les participants agissent et contribuent directement à la fabrique du politique. Cela en fait tout son intérêt mais aussi sa complexité (voire son ambiguïté), puisque, dans le périmètre des compétences municipales, les élus sont parfois perçus comme les principaux – sinon les seuls – dépositaires d’un certain pouvoir sur la ville. S’engager dans une démarche de coconstruction pose alors, d’emblée, la question du pouvoir décisionnel : qui arrête le choix final ?

Si la problématique du partage du pouvoir n’a pas été présentée de manière aussi directe à l’annonce de la démarche, l’emploi du terme « coconstruction » « […] Beaucoup d’entre vous m’ont dit et redit la nécessité de mettre en place des espaces de dialogue réguliers avec la collectivité pour coconstruire la politique culturelle. […] J’ai demandé que nous arrivions à créer un cadre souple et réactif pour travailler autour d’objets très concrets. » par Jeanne Barseghian a, de fait, donné une tonalité ambitieuse à l’aventure, suggérant que la place accordée aux participants serait dans ce cadre plus importante qu’à l’ordinaire : « Soyons clairs, nous ne voulons pas d’un grand raout à la manière d’Assises culturelles, souvent décevantes, où chacun reste in fine sur ses positions, mais bien plutôt des temps de discussion et de décision à plusieurs niveaux. » C’est dans ce contexte, à la demande de la direction de la Culture de la ville, que l’Observatoire des politiques culturelles est intervenu : et si on essayait, vraiment, de coconstruire une politique culturelle ?

Enjeu de méthode

Pour Benjamin Soulet, adjoint chargé de l’équité territoriale et de la politique de la Ville, l’intention de ce type de démarche doit être clairement énoncée et « avoir un impact sur les politiques publiques Tous les verbatims sont extraits des entretiens avec les parties prenantes avant la mise en place de la démarche (janvier-février 2022) ou en aval de cette dernière (juillet, octobre et décembre 2022).  ». Avec prudence mais conviction, le pôle Culture Le pôle Culture est un espace d’échanges entre les élus municipaux chargés, de près ou de loin, des questions artistiques et culturelles. de l’équipe municipale a ainsi désiré mettre en place un procédé, forcément expérimental, où le travail collectif aboutirait à une réalisation concrète. Il s’agissait donc de tester une nouvelle méthodologie touchant la définition d’une politique publique culturelle, en accueillant son caractère incertain, puisque dépendant d’un groupe, d’un collectif empreint de diversité ; un travail empirique assumé par Jeanne Barseghian : « Il faudra accepter pour nous comme pour vous, de ne pas être en maîtrise totale […], d’avancer à tâtons. »

En effet, comment réussir à agir collectivement et efficacement pour faire évoluer une réalité et un contexte de politique culturelle strasbourgeoise ? Comme nous le concédait elle-même et en amont de la démarche Anne Mistler, adjointe chargée des arts et des cultures : « Il y a toujours ceux qui parlent et ceux qui ne parlent pas, c’est une vraie question en soi de savoir comment trouver et comment donner une place aux paroles de chacun. » Plusieurs témoignages d’acteurs culturels ont également insisté sur les enjeux de méthode : « […] En réalité ce n’est pas évident. La coconstruction ce n’est pas quelque chose qui se décrète, il faut la faire et réunir les conditions pour cela. »

L’élaboration de la méthodologie a donc d’abord été soumise à ses conditions de réussite et le travail de l’Observatoire des politiques culturelles s’est précisément concentré sur ces enjeux de procédure. Plusieurs étapes ont guidé la mise en place de la démarche.

Principales étapes de la méthodologie proposée par l’OPC

Principales étapes de la méthodologie OPC à Strasbourg
Pour plus de détails sur les étapes de la méthodologie, voir l’article dédié à la coopération avec la ville de Strasbourg.

À la suite d’un comité de pilotage réunissant la maire et les élus du pôle Culture en février 2022, sur la base d’une enquête préalable Voir également l’article dédié à la coopération avec la ville de Strasbourg. , quatre premières thématiques ont été choisies pour expérimenter la méthode, supposant que cette dernière pourrait, par la suite, être reconduite sur d’autres thèmes que ceux sélectionnés. La volonté était d’entamer une démarche à partir de sujets et d’actions de politiques culturelles concrètes.

Les quatre premières thématiques retenues

Quatre thématiques Strasbourg

Le travail sur ces thématiques s’est organisé autour de la mise en place de quatre ateliers, respectant tous un même cadre. Tout d’abord, les groupes ont été composés de manière volontairement resserrée, n’excédant pas une vingtaine de personnes. L’implication de chacun dans le temps La participation aux ateliers s’est accompagnée d’une forme de « contrat moral », puisque accepter la sollicitation supposait de s’engager sur une présence de trois journées complètes, réparties sur trois mois. Pour en savoir plus sur les détails du programme de ces journées, voir l’article dédié à la coopération avec la ville de Strasbourg. Cet engagement valait pour tous les participants : élus, agents de la ville et acteurs culturels. a été posée comme principe essentiel, comme un préalable. Trois typologies de participants devaient y être représentées : élus, agents de la ville et acteurs culturels ou de terrain. Comme le note Camille Giertler, directrice de la Culture de la ville de Strasbourg : « Assumer collectivement le caractère expérimental de cette démarche, c’était aussi dire que nous placions à égalité les participants aux ateliers, chacun dans leur rôle et leur parole. » Ces derniers étaient sollicités selon leurs activités ou fonctions, et devaient être particulièrement concernés par le sujet traité. Dans cette logique, les groupes pouvaient également se composer de personnes à priori extérieures à l’unique prisme culturel, avec des entrées davantage territoriales ou sectorielles (sport, social, etc.). Comme le rappelle Benjamin Soulet : « C’était très important qu’il n’y ait pas que des acteurs culturels. Pour le Théâtre de Hautepierre, il y avait aussi des acteurs du quartier, c’est essentiel pour la richesse des échanges. »

La mise en place de cette démarche et la sollicitation des groupes ont, dans l’ensemble, été bien reçues par les acteurs culturels strasbourgeois. Comme l’analyse Guillaume Libsig, adjoint chargé de la vie associative, des animations urbaines et de la vie étudiante : « Les sollicitations ou les participations sont ultra usantes pour les acteurs culturels qui, pour la plupart, prennent en plus sur leur temps de travail. Là, le projet est censé être réalisé, cela change tout. »

Coconstruction et mise en place des recommandations

La qualité de la participation a pu varier selon les groupes mais, de manière générale, les participants ont tenu leur engagement de présence. Les ateliers ont tous abouti à une recommandation, que la ville s’est engagée à mettre en place Voir l’article dédié à la coopération avec la ville de Strasbourg. . À postériori, Benjamin Soulet constate que les trois journées de travail se sont nourries les unes des autres et ont favorisé l’instauration d’un climat de confiance, propice aux échanges constructifs : « Il y a une sincérité dans la démarche. Ce n’était pas pour faire semblant, mais vraiment pour se demander : “Comment on est prêt à” ? Au fur et à mesure des journées, les échanges n’ont fait que me rassurer. J’ai trouvé cela très riche et nous sommes arrivés à une préconisation qui convenait à tous. »

À partir de ces recommandations, la direction de la Culture a proposé leur traduction en plan d’action et a budgété leur réalisation Les plans d’action et les budgets associés ont été présentés aux participants le 1er décembre 2022. dans l’optique d’une phase rapide de test. Alors que la ville de Strasbourg – comme de nombreuses collectivités – est confrontée à un contexte économique tendu, accentué par la hausse du coût énergétique qui l’oblige à une profonde réflexion budgétaire, le maintien de la mise en place de ces recommandations est un signe fort sur lequel insiste Guillaume Libsig : « Va-t-on réussir à les concrétiser alors que tout cela a un coût ? Faire le choix de maintenir le travail sur les préconisations montre combien, pour nous, cela a de l’importance. » Pour le dramaturge Waddah Saab, il reste néanmoins indispensable que ce travail s’insère pleinement dans la politique culturelle municipale : « Il y a eu une grande qualité d’écoute et de travail commun entre les agents, les élus et les acteurs culturels. Il faut espérer que cela se prolonge pour les autres décisions municipales en matière de culture, notamment financières, afin de garder l’élan qui nous a portés. »

Subtilité et transformation

Au terme de cette première étape d’ateliers, amenée à être reconduite sur les mêmes sujets ou de nouveaux, plusieurs observations peuvent être faites.

Tout d’abord, la focalisation sur un sujet précis facilite la mise en place des échanges. Les participants sont réunis autour d’un thème clair qu’il s’agit d’analyser et de faire évoluer ensemble. Cet élément est d’autant plus important qu’il permet de répondre au souci d’utilité de ce type de sollicitation : connaître l’objet des échanges, dans le but de proposer une recommandation qui sera testée concrètement, influe considérablement sur la motivation. Par ailleurs, l’objectif de construire une recommandation destinée à être mise à l’épreuve ajoute un effet de responsabilisation, puisque par la nature même de la sollicitation et par l’accompagnement méthodologique, les participants sont tous particulièrement impliqués et ont un rôle à jouer.

Assumer collectivement le caractère expérimental de cette démarche, c’était aussi dire que nous placions à égalité les participants aux ateliers, chacun dans leur rôle et leur parole.

Ensuite, ces espaces « groupes », parce qu’ils sont restreints, facilitent les échanges. Benjamin Soulet en témoigne : « Il y avait une vraie liberté de parole. Les participants se sont sentis libres de s’exprimer. Il y avait des mots forts. » La fréquence des rendez-vous joue aussi en cette faveur : à force de se réunir, toujours avec les mêmes personnes, l’interconnaissance se fait plus fine et délicate. « Il y avait une cohésion de groupe » constate Mathias Gauthier-Lafaye, directeur de production pour Machette Production. Le groupe, parce qu’il se connaît, avance en confiance. Plus encore, l’originalité de cette confiance réside dans sa composition tripartite (élus, agents de la ville et acteurs culturels) qui permet à chacun d’exposer et de partager son système de contraintes. Avec épaisseur, la complexité des sujets est alors mieux saisie et les postures des différents acteurs mieux comprises. Sur cette base et sur une compréhension réciproque plus lucide, la réflexion sur les sujets se fait moins agressivement et devient plus complète et, peut-être même, – osons le penser –, plus juste.

Enfin, il faut bien noter que les effets de ce travail sont nécessairement subtils et qu’ils requièrent, pour être perçus à leur juste hauteur, d’accepter non seulement le temps long, mais aussi une implication étendue dans ce même temps. L’exigence démocratique oblige donc à intégrer l’idée que les transformations ne se font pas du jour au lendemain. À ce sujet, Mathias Gauthier-Lafaye s’interroge : « Les acteurs culturels, la coconstruction, c’est notre quotidien. Nous avons déjà cette habitude de travail. Mais pour une municipalité, cela peut être une vraie révolution interne. Peut-elle alors réellement assumer jusqu’au bout une telle logique ? Il y a une réelle volonté et de l’envie, le travail a été bien mené. Maintenant, la ville va-t-elle pouvoir suivre ce qu’elle a elle-même voulu enclencher ? Est-elle prête en interne ? »

Idéal démocratique

L’exercice démocratique est toujours exigeant, puisqu’il suppose de partager et de convaincre, mais aussi de codiriger les décisions collectives. Une ambition que Guillaume Libsig aimerait pour sa part porter encore plus loin en matière d’élaboration des politiques publiques : « Moi, je parle plutôt d’une logique de copilotage, c’est-à-dire d’un partage des contraintes, des responsabilités et des visions. On évoque souvent ce que j’appelle “les trois co” : consultation, concertation et coconstruction. Avec ça, on fait le plan de vol, d’accord. Mais qui pilote ? C’est bien là l’enjeu ! Le rôle traditionnel de l’élu est vu comme celui qui arbitre la décision. Mais si on partageait davantage la responsabilité ? »

L’adjoint aimerait bien en effet que l’idéal démocratique se déploie plus directement dans la conception et la mise en place de la politique municipale. Cela suppose dès lors un changement des attitudes de chacun : « Parfois, le partage de la responsabilité n’est pas souhaité par les acteurs. Par les élus non plus d’ailleurs. On laisse faire le capitaine, et si ça rate, ce sera sa faute. Mais si ça marche, il pourra aussi récolter seul la réussite. C’est humain de réagir ainsi. Mais il faut avoir le courage de porter une autre ambition démocratique, plus partagée. Je crois que l’élu doit plus se trouver dans un rôle d’animateur, capable de faire des traits d’union. »

Peut-être faut-il à ce titre entrevoir dans ce cheminement une tentative plus large de transformation de l’exercice démocratique, par une transformation des attitudes. La directrice de la Culture, Camille Giertler, plaide en tout cas en ce sens : « Avec cette démarche, nous travaillons sur un autre type de relation, sur une autre posture, parce que les défis sont immenses et que nous n’avons pas de baguettes magiques. » En effet, après la crise sanitaire, les contextes géopolitique et environnemental, pour ne considérer que ceux-là, placent la conduite de l’action publique face à de nouvelles contraintes d’ampleur. Sur le plan énergétique, par exemple, le contrat de gaz de la ville a été multiplié par cinq en cette fin d’année 2022, élevant le montant des dépenses à un niveau inédit : de 3,4 millions à 17,2 millions d’euros M. Guerrin, « En fermant ses musées deux jours par semaine, la ville de Strasbourg semble acter l’impossibilité de les rendre populaires », Le Monde, 9 septembre 2022 : https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/09/09/en-fermant-ses-musees-deux-jours-par-semaine-la-ville-de-strasbourg-semble-acter-l-impossibilite-de-les-rendre-populaires_6140905_3232.html . Des choix complexes et difficiles découlent d’une telle situation, notamment sur le plan budgétaire, puisque ces nouveaux coûts invitent et forcent à repenser la structuration du budget général (ce qui amène, d’ailleurs, son lot de critiques L. Lutaud, « La maire EELV de Strasbourg annonce une baisse de 2,2 millions pour la Culture », Le Figaro, 10 décembre 2022 : https://www.lefigaro.fr/culture/la-maire-eelv-de-strasbourg-annonce-une-baisse-de-2-2-millions-pour-la-culture-20221210 ). Alors, comment prendre ces décisions ? Faut-il laisser seuls les élus face à leurs choix et à leurs arbitrages ? Ou faut-il tenter une plus large implication dans la prise de décision ? Pour Benjamin Soulet, la réponse est sans ambiguïté : « Qui fabrique la ville ? Ce sont les habitants, les associations, les entreprises, les acteurs intermédiaires, etc. On est tous à fabriquer la ville ! Il faut donc savoir, en tant qu’élu, se mettre en retrait, parce que nous sommes des acteurs parmi les autres. »

Copartager la prise de décision et en assumer collectivement les conséquences, qu’elles soient jugées positives ou négatives, serait-ce une manière de mieux accomplir le projet démocratique ? Si nous pouvons le penser, nous l’avons aussi vu, une telle ambition doit s’accompagner de temps, de dispositions, de réflexion, de méthode. Certains participants plaident également, si leur implication venait à durer dans le temps, pour une rémunération de leur présence : « À la différence des agents et des élus, nous, nous prenons sur notre temps de travail pour être là. » Une pareille demande d’engagement est-elle audible et acceptable en temps de crise ? Peut-on se permettre de prendre le temps en situation d’urgence ? Car Benjamin Soulet le rappelle : « Les trois journées d’ateliers ont tracé une route. Maintenant le chemin est là et il faut s’y engager ensemble. C’est le début de quelque chose, pas la fin. » Pourtant, accepter ce chemin, que l’on suppose long, peut dès lors sembler contre-intuitif dans un contexte où l’urgence est omniprésente. C’est d’ailleurs sur une triple urgence (écologique, démocratique et sociale) qu’est arrivée en tête la liste portée par Jeanne Barseghian. Le pari de la mairie de Strasbourg est alors de considérer que, parce que les temps sont difficiles, il est nécessaire de parvenir à repartager le pouvoir décisionnel. Dans cet esprit, pour Camille Giertler, une des vertus premières de cette démarche menée avec l’Observatoire des politiques culturelles tient à la réussite du partage des astreintes et de l’interconnaissance : « Je pense très sincèrement que ce type de démarche, peut-être même encore plus dans le moment que nous traversons, doit avoir lieu. Parce que nous soutenons fortement la culture, nous ne devons pas nous tromper dans nos choix et dans le message que ces choix font passer. Et pour cela, il faut partager nos systèmes de contraintes respectifs, pour se comprendre. Les acteurs culturels nous ont par exemple récemment interpellés sur la question de l’emploi, c’est une information que nous avons entendue et qui oriente désormais la réflexion municipale. Par un partage sincère des contraintes, nous avançons ensemble. »

Cette analyse est partagée par Guillaume Libsig : « Si l’on veut aller plus loin, cela implique de développer des actions communes. Il ne s’agit pas juste de solliciter l’élu, il faut agir de concert, ensemble. Il faut que nous nous placions tous au même niveau. J’ai mes problèmes, elle et lui aussi, vous aussi. Tout l’enjeu est de construire la confiance, de développer les liens. Et ça, je le redis, seule la fréquence des échanges le permet. Et il n’y a pas de secret, ça prend du temps. C’est pourquoi il faut inscrire ces méthodes dans le temps, pour que le travail soit connu et reconnu. »

Mais sommes-nous prêts à prendre le temps de nous emparer du pouvoir collectif ? Au lancement de l’expérimentation, Jeanne Barseghian insistait : « Vous dire aussi ma conviction que les arts et les artistes sont et doivent être au cœur de notre projet de transformation et de toutes nos politiques publiques. » Alors, peut-être faut-il suivre le conseil d’Ariane Mnouchkine pour mener cette transformation profonde : « C’est justement quand on n’a plus le temps qu’il faut prendre le temps Film documentaire d’É. Darmon et C. Vilpoux en harmonie avec A. Mnouchkine, Au soleil, même la nuit, 1997.  ! » Sans doute cela nous demande-t-il un effort important, plus encore dans notre culture de l’immédiateté. Peut-être faut-il se forcer à cela, se l’imposer, se contraindre. Accepter le pari, s’autoriser à penser au long cours, à construire « le temps long comme une valeur ». Guillaume Libsig le concède, « c’est une forme de sacrifice d’être là, on doit bosser et accepter que ce ne soit pas un retour immédiat, mais un retour plus profond », un retour qui permettrait, faut-il espérer, une réconciliation des citoyens avec leurs institutions et, surtout, avec l’exercice même de la démocratie.