Photo : © Alice-Anne Jeandel – Bas-Chantenay, Nantes

Depuis une trentaine d’années, la ville créative s’est progressivement imposée à l’échelle internationale comme un véritable modèle de fabrique urbaine. À la fois horizon de politiques publiques et analyseur des liens entre art, culture et développement territorial, le modèle est aujourd’hui critiqué. À bien des égards, la ville de Nantes apparaît comme un cas paradigmatique de ce cycle de politique urbaine aujourd’hui en quête d’un nouveau souffle. Cet article mobilise le concept de « scène » pour retracer les grandes étapes de la transformation de Nantes en une ville créative, mais également pour dessiner les futurs possibles d’un modèle urbain à l’épreuve des transitions.

Heurs et malheurs de la ville créative : la possibilité de la scène

Associant politiques locales d’urbanisme, développement économique et culturel, le modèle de la ville créative est, dès sa première formulation, investi de promesses séduisantes À ce sujet, consulter : C. Ambrosino, V. Guillon, « Les trois approches de la ville créative : gouverner, consommer et produire », L’Observatoire, no 36, 2010, p. 25-28 ; C. Liefooghe, « La ville créative : utopie urbaine ou modèle économique ? », L’Observatoire, no 36, p. 34-37 ; G. Saez, « Une (ir)résistible dérive des continents : recomposition des politiques culturelles ou marketing urbain ? », L’Observatoire, no 36, p. 29-33. :

  • Montrer l’art et rendre visible la création artistique depuis l’espace public grâce à de grands équipements culturels et à des architectures flagship Le mot flagship se traduit par « vaisseau amiral ». Au-delà de cet aspect purement militaire, la notion a pris une tout autre signification depuis quelques années. Un magasin flagship désigne désormais un point de vente emblématique pour une marque et arbore un design architectural prestigieux. [NDR] (« effet Bilbao »), à une festivalisation et à une évènementialisation de la culture, et ce dans l’objectif de spectaculariser et de réenchanter les villes.
  • Produire de nouvelles centralités urbaines par la réhabilitation de friches industrielles en lieux culturels (Belle de Mai), poumons de quartiers artistiques, culturels et créatifs (SoHo, quartier de la Création) générateurs d’ambiances spécifiques.
  •  Promouvoir les industries créatives et culturelles (ICC), sources de valeur ajoutée et d’emplois dans une logique de clusterisation, et génératrices d’externalités importantes en matière d’attractivité des travailleurs créatifs, des entreprises high-tech et des touristes.

Aujourd’hui, ce modèle est réinterrogé pour différentes raisons :

  • La pandémie de Covid-19 a accéléré la prise de conscience des enjeux environnementaux et mis en débat, sur les territoires, la pertinence de politiques conjuguant attractivité et croissance, fût-ce par la culture.
  • Les ruissellements attendus de ces politiques sur l’ensemble de la population n’ont pas toujours eu les effets annoncés : gentrification, mise à l’écart des artistes et de la création au profit des créatifs et de la créativité, touristification et patrimonialisation de la culture ont pu être observées au risque de l’assèchement des dynamiques créatives.
  • Les administrations culturelles se sont souvent trouvées écartées de l’élaboration de politiques culturelles au sein desquelles les enjeux économiques et d’aménagement sont devenus dominants, pour des raisons objectives de transversalité mais aussi en raison des rapports de force entre champs d’action publique.

Ces interrogations ont constitué le point de départ du programme de recherche SCAENA. À partir du concept émergent de « scène », les analyses conduites ont tenté d’éclairer sous un jour nouveau les modalités d’encastrement des activités artistiques et culturelles au sein des espaces urbains. Ici, la scène évoque l’organisation territorialisée d’une dynamique de création qui influe sur les autres dimensions du territoire comme l’ambiance urbaine, les aménités immobilières, le lien social, les valeurs partagées, etc. Nous avons fait l’hypothèse qu’il y a scène lorsque l’offre artistique entre en résonance avec ses lieux d’ancrage. Selon le sociologue Harmut Rosa, la qualité de vie dépend du rapport au monde, pour peu que ce dernier permette une résonance H. Rosa, Résonance, une sociologie de la relation au monde, Paris, La Découverte, 2018..Cette dernière peut être définie à travers quatre caractéristiques.

  1. Entrer en résonance avec une personne, mais aussi un paysage ou un quartier, signifie d’abord être atteint, touché par lui et induit la mise en visibilité des caractéristiques et activités susceptibles de créer ce phénomène : quels acteurs font en sorte que la création artistique nous émeut et nous concerne ? 
  2. Ensuite, la résonance nécessite une réaction, celle d’un public mais également celle d’habitants interpellés par une action culturelle : allons-nous, ou non, à la rencontre de ce qui nous est proposé ? 
  3. En troisième lieu, la résonance implique une transformation : l’offre artistique transfigure le territoire avec lequel elle est en résonance. Non réductible à la seule gentrification, elle modifie les ambiances, les modes d’habiter et peut, parfois, générer des innovations. 
  4. Mais, et c’est là sa quatrième particularité, la résonance n’est pas totalement instrumentalisable (Rosa parle d’indisponibilité de cette dernière). S’il est possible de travailler la mise en condition d’une résonance, celle-ci demeure toutefois incertaine : on ne décrète pas la créativité d’un lieu pas plus que les ambiances la suscitant.

Pour qu’il y ait scène artistique, il faut donc qu’il existe un réseau dense d’acteurs du monde culturel aux activités identifiables par la population. Cette visibilité doit entraîner une réaction des habitants mais aussi des autres parties prenantes de la ville (entreprises, collectivités locales, etc.) de telle sorte qu’elle en soit transformée (en matière d’ambiance, de trajectoire économique, sociale et/ou urbaine). Ces modifications peuvent cependant provoquer des dissonances territoriales, notamment lorsqu’elles traduisent une instrumentalisation à des fins politiques, touristiques ou économiques Voir la transposition de la notion de scène artistique à celle de scène végétale appliquée à l’exemple angevin et l’interview du Groupe Zur dont le « Jard’In » constitue un bon exemple de scène résonante.. Si la résonance est éphémère, la scène s’avère, quant à elle, « mortelle Alan Blum, The Imaginative Structure of the City, Montréal, McGill Queen’s University Press, 2003. ».

Dans le contexte hexagonal, la ville de Nantes est apparue pour les membres de SCAENA comme un cas paradigmatique de trajectoire à la fois singulière mais aussi révélatrice des dynamiques urbaines impulsées par la culture. De ce point de vue, Nantes peut être considérée comme le « carbone 14» de l’évolution des liens entre art, culture et transformation urbaine. Modèle tout à la fois reconnu et contesté, ses évolutions récentes mettent en évidence le caractère fragile et temporaire d’une scène en résonance avec son territoire.

Nantes : une double archéologie, à la fois théorique et située de la ville créative

La transformation de Nantes en une « ville créative » s’est réalisée en trois périodes, chacune marquée par une préoccupation dominante : 

  • D’abord, à l’aube des années 1990, le temps du réenchantement de la « belle endormie » – terme utilisé pour qualifier la Nantes de la décennie précédente.
  • Ensuite celui du projet de réaménagement de l’île de Nantes, structuré, notamment, autour de la concentration d’équipements culturels et d’entreprises créatives dans une logique de cluster.
  • Enfin, depuis la fin des années 2000, le moment de la capitalisation de ces initiatives passées (développement du tourisme, d’une filière numérique, attractivité d’entreprises et de travailleurs qualifiés, etc.). Prises ensemble, ces trois étapes dessinent un cycle de développement urbain, aujourd’hui mis en débat. Car composer avec cet héritage, interroge finalement le triptyque « évènementialisation, clusterisation, touristification », processus pointés par la littérature académique mais également militante, comme les véhicules d’une métropolisation néolibérale asphyxiante peu encline à conjuguer développement urbain et habitabilité à l’heure des transitions.

Le temps du réenchantement de la ville par la culture et les évènements festifs

Lorsque Jean-Marc Ayrault est élu maire de Nantes en 1989, la belle endormie connaît une crise économique majeure due à la fermeture des chantiers navals Dubigeon en 1987 et de ses industries connexes. La culture est alors choisie comme vecteur de transformation de l’image de la ville grâce à des évènements, le plus souvent dans l’espace public, destinés à la réenchanter. Plus que sur des institutions, le maire s’appuie sur des projets portés par des individus à qui il donne les moyens de leurs ambitions. Jean Blaise, tout d’abord, arrivé dans les valises du jeune maire va devenir l’homme-orchestre de la renaissance de la ville par la culture. Il crée, dès 1990, le festival des Allumées qui invite chaque année les artistes d’une ville étrangère à rencontrer ceux de Nantes dans des lieux le plus souvent non dédiés à la culture, notamment les friches laissées par la fermeture des chantiers. Après six éditions, Jean Blaise s’investit, avec l’architecte Patrick Bouchain, dans la reconversion des anciennes usines LU en une scène nationale conçue pour être un lieu ouvert, à la différence de nombreux établissements symboliquement fermés aux populations éloignées de la culture. Un bar, un restaurant, un hammam, une librairie sont autant de prétextes pour entrer dans le bâtiment, conditions jugées nécessaires pour que les activités artistiques atteignent les habitants. En 2007, il lance un nouvel évènement, une biennale baptisée « Estuaire », qui propose un parcours d’art contemporain entre Nantes et Saint-Nazaire, associant la population au choix des œuvres conçues in situ par les artistes.

Autre exemple : Jean-Luc Courcoult et la compagnie Royal de Luxe arrivent à la même époque. À travers les déambulations de marionnettes géantes dessinées par François Delarozière, la compagnie produit spectacles populaires et objets symboliques qui, très rapidement, deviennent les éléments structurants du patrimoine culturel nantais. Pour preuve : l’éléphant-robot de l’île de Nantes – œuvre initialement créée pour un spectacle de rue – constitue aujourd’hui l’image de marque de la cité ligérienne, et peut-être plus significativement, celle d’un mode de « faire la ville » fondé sur la spectacularisation de la créativité dans l’espace public. L’art est dans la rue plus que dans les institutions et sa mise en scène offre l’opportunité aux habitants d’explorer de nouveaux lieux et, plus généralement, de (re)découvrir leur ville. En définitive, ce qui marque cette première étape, c’est la prégnance de l’événementiel culturel sur la vie des Nantais. Pour autant, à ce stade, la création artistique n’apparaît pas encore centrale dans les politiques urbaines.

Le temps du réaménagement de la ville : production urbaine d’un cluster culturel

À partir des années 2000, alors que le projet de l’île de Nantes se dessine puis s’opérationnalise, se pose une question : comment combiner l’image façonnée tout au long des années 1990 avec les politiques de renouvellement urbain et l’ambition de déployer une économie créative métropolitaine ? Cette interrogation survient en concomitance avec les débats qui animent sphères académiques et praticiennes de l’époque sur le rôle que peuvent (doivent ?) jouer la culture et la créativité artistique dans une économie de la connaissance, structurée autour de filières concentrées géographiquement et accompagnées par les gouvernements locaux (clusterisation). En Grande-Bretagne, le gouvernement New Labour de Tony Blair encourage les villes industrielles à investir dans les industries créatives. Aux États-Unis, l’économiste Richard Florida met en avant la capacité des activités artistiques à attirer les « travailleurs créatifs », particulièrement recherchés par les entreprises de haute technologie pour lesquelles il s’agit d’un critère déterminant de localisation. Enfin, consultants et urbanistes soulignent l’opportunité qu’offrent les friches situées dans les espaces péricentraux pour tout à la fois étendre leurs centres historiques et développer de nouveaux pôles (tels des quartiers créatifs et culturels).

Dans ce contexte, se dessine le choix de faire de la pointe ouest de l’île de Nantes un « quartier de la Création ». Jean-Louis Bonnin, alors directeur du développement culturel de la ville, Laurent Théry, à la tête de la SAMOA (Société d’aménagement de la métropole Ouest Atlantique), Jean-Louis Berthomieu et Alexandre Chemetoff, duo à la maîtrise d’œuvre, mettent au point une pensée par le projet et non par la règle que l’outil « plan guide » incarne. Suivant cette perspective, les friches de l’île sont le réceptacle de la préfiguration de projets au sein desquels les acteurs culturels vont jouer un rôle clé. La compagnie des Machines de l’île, créée par François Delarozière et Pierre Orefice après leur départ de Royal de Luxe, s’installe sur le site des chantiers navals en revendiquant simultanément l’héritage de Jules Verne, né à Nantes, et celui de ces lieux où étaient fabriquées de « grosses machines » (en résonance avec la démesure de leur création). Ils y conçoivent un musée, un atelier de fabrication et un manège géant à côté de l’éléphant qui se promène. Jean Blaise s’approprie l’extrémité de la pointe ouest pour en faire le point de départ de la biennale Estuaire, première pierre d’un rapprochement entre la culture et le tourisme. Par ailleurs, dans une logique de clusterisation, les écoles d’art, d’architecture et de design se regroupent à l’ouest de l’île en vue de favoriser les porosités vertueuses et de nouvelles formes d’innovation. De même, un certain nombre de lieux destinés à accueillir des « entreprises créatives » éclosent à proximité de ces écoles. D’abord intitulé « Campus des arts », cet ensemble urbain est rebaptisé à la fin des années 2000 « quartier de la Création ».

Le temps de la capitalisation : tourisme et créativité comme priorités

Après les transformations de l’image de la ville par des évènements culturels dans l’espace public, et celle de la configuration urbaine en impliquant directement les acteurs culturels dans le projet, est enfin venu le temps de la capitalisation. Au tournant des années 2010, celle-ci emprunte deux directions : la promotion d’une économie créative autour du numérique et le développement d’un nouveau tourisme culturel urbain.

Sous la houlette de Jean-Luc Charles, le cluster du quartier de la Création privilégie clairement le soutien aux industries culturelles et créatives, mettant ainsi au second plan les enjeux strictement culturels ou urbains, caractéristiques des deux phases précédentes. Ce soutien aboutit au début des années 2020 à l’inauguration quasi simultanée dans les anciens locaux d’Alstom d’un pôle universitaire dédié aux cultures numériques (Halle 6 ouest) et de la Cantine numérique, l’opérateur de French Tech Nantes (Hall 6 est) d’une part, de la Creative Factory, pôle de développement économique et incubateur de la SAMOA accompagnant le développement des industries culturelles et créatives, et d’un laboratoire citoyen des cultures numériques proposé par l’association Ping (Halles 1 et 2) d’autre part.

Parallèlement, la création de la société publique locale (SPL) Le Voyage à Nantes traduit la volonté de s’appuyer sur l’ensemble des initiatives culturelles et urbanistiques de la métropole pour valoriser le potentiel touristique des différents objets, équipements, évènements et quartiers spécialisés nés de ce « jeu culturel à la nantaise » dans une offre cohérente. L’organisme regroupe l’office du tourisme, le parcours artistique d’Estuaire et la Société d’économie mixte Nantes culture et patrimoine chargée, notamment, du château des ducs de Bretagne et du parc des Chantiers. Devenue marque de territoire, Le Voyage à Nantes (VAN), rendu célèbre par sa fameuse « ligne verte», se charge de rendre visible et d’esthétiser la transformation de la ville au-delà du seul quartier de la Création ; changement d’échelle d’autant plus nécessaire qu’il s’agit désormais d’attirer d’un même mouvement une population touristique traditionnellement séduite par un répertoire patrimonial classique (musées, expositions, etc.) et celle recherchant des expériences urbaines singulières (friches, gastronomie, art in situ…) produites par la mise en patrimoine du processus de fabrique urbaine. Pionnier dans cette forme d’articulation entre tourisme et culture, le VAN fournit en réalité un cadre institutionnel à l’instrumentalisation économique et touristique de la culture.

La ville créative à l’épreuve des transitions

Que retenir de ce cycle ? Dès la fin des années 1990, Nantes se positionne comme une alternative à Bilbao, sans « totem » architectural. Soucieuse de ne pas effacer les traces de son passé industriel, la ville scénographie sa transformation à travers la combinaison de plusieurs projets, lesquels mêlent expérience ludique des espaces publics, promenades artistiques et culturels, et affichage d’une créativité urbaine à travers la multiplication de lieux et des équipements dédiés. La réussite de ces politiques est à la mesure des contestations qu’elles suscitent aujourd’hui. Nantes est désormais une ville attractive connaissant une forte croissance économique et démographique, une ville devenue destination touristique internationalement reconnue. Cependant, revers de la médaille, elle subit les externalités négatives de son succès : gentrification accélérée des espaces péricentraux, accroissement de la délinquance, congestion des transports, etc. Alors que jusqu’il y a peu, Nantes caracolait en tête des classements de ces villes où il fait bon vivre, elle donne aujourd’hui une image plus contrastée. Les actuels débats, qui animent militants écologistes, sphère économique et monde politique quant à l’opportunité de développer une nouvelle attraction métropolitaine (L’Arbre aux Hérons, dernier fleuron local des Machines de l’île) en lieu et place d’une ancienne carrière située à proximité du centre-ville – la carrière Miséry –, remettent en question l’héritage de cet urbanisme culturel et événementiel « made in Nantes » dont la cité ligérienne a pu s’enorgueillir par le passé. Fin de cycle ou amorce d’un renouveau ? Les controverses suscitées (destruction de la « ville sauvage » et perte de biodiversité, assèchement des dynamiques créatives induit par le financement déséquilibré de ces landmarks urbains, coût environnemental et social de cette forme de mise en tourisme des territoires péricentraux, etc.) permettent en tout cas d’envisager autrement l’idée de créativité urbaine à l’heure de l’anthropocène et des transitions.

Ces évolutions traduisent en creux une perte de résonance entre ces stratégies culturelles et l’habitabilité de la ville : déséquilibre entre la concentration d’équipements sur l’île de Nantes et le reste du territoire, entre les besoins des habitants et ceux des visiteurs, entre l’attractivité de la ville et la gestion contrainte de son administration, sans parler du coût environnemental d’une économie culturelle et touristique au demeurant très carbonée.

Comment une approche par la scène pourrait permettre de relire l’idée de ville créative à la lumière de ces enjeux ? La question serait dès lors de penser une trajectoire de développement culturel urbain capable de percevoir les signaux faibles de perte de résonance, notamment ceux émanant de l’underground du territoire. Le cycle nantais qui s’achève reposait en grande partie sur une gouvernance top down imposée par l’ampleur des projets urbains concernés, laissant ainsi peu de place aux initiatives portées par les grands équipements culturels (musées, théâtres, etc.) et aux expressivités plus citoyennes et participatives. « Transformations silencieuses » pourtant bien à l’œuvre comme nous le rappellent certains observateurs Voir C. Ambrosino, J.-L. Bonnin, « Metropolis follows fiction : trois villes créatives à l’épreuve de leurs récits », dans D. Le Bras, N. Seigneuret, M. Talandier, Métropoles en chantiers, Paris, Berger-Levrault, 2016.. L’attention portée au réaménagement de l’île de Nantes et aux projets de personnalités très singulières tout au long des trente dernières années a en effet contribué à invisibiliser le dynamisme de scènes artistiques pourtant bien actives (notamment dans le domaine des arts plastiques et de la musique) ainsi que bon nombre d’expérimentations qui ont fleuri au cours des années 2010 un peu partout dans la métropole, plus sensibles à l’articulation entre mise en visibilité de l’art dans l’espace public d’un côté, et questions d’habitabilité et environnementales de l’autre. L’enjeu consiste probablement aujourd’hui à mettre davantage en résonance le réseau dense d’acteurs culturels et artistiques et les dynamiques citoyennes avec les grands équipements culturels et les nouveaux projets urbains, à l’instar des initiatives de Catherine Blondeau, directrice du théâtre Le Grand T.

Un nouveau « jeu à la nantaise » serait-il en train de se mettre en place ?